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Elisée Reclus (Géographe français, 1830-1905)

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"L'action de l'homme donne au contraire la plus grande diversité d'aspect à la surface terrestre. D'un côté elle détruit, de l'autre elle améliore; suivant l'état social et les progrès de chaque peuple, elle contribue tantôt à dégrader la nature, tantôt à l'embellir. Campé comme un voyageur de passage, le barbare pille la terre ; il l'exploite avec violence sans lui rendre en culture et en soins intelligents les richesses qu'il lui ravit ; il finit même par dévaster la contrée qui lui sert de demeure et par la rendre inhabitable. L'homme vraiment civilisé, comprenant que son intérêt propre se confond avec l'intérêt de tous et celui de la nature elle-même, agit tout autrement. Il répare les dégâts commis par ses prédécesseurs, aide la terre au lieu de s'acharner brutalement contre elle, travaille à l'embellissement aussi bien qu'à l'amélioration de son domaine. [...] Il apprend aussi, comme un artiste, à donner aux paysages qui l'entourent plus de charme, de grâce ou de majesté. "

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(L'Homme et la Nature, 1864)

Tim Ingold (Anthropologue britannique)

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Remarque sur le concept d'environnement

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"La perception de l'environnement est une construction culturelle de la nature, ou une surimposition de couches de signification "émique*" sur une réalité autonome "étique*" . L'"environnement" est un terme relatif - c'est à dire relatif à l'être pour lequel il est un environnement. De la même manière qu'il ne peut y avoir d'organisme sans environnement, il ne peut y avoir d'environnement sans organisme. Mon environnement est donc le monde tel qu'il existe et acquiert une signification par rapport à moi. [...] Cette notion ne doit en aucun cas être confondue avec le concept de nature. Car le monde ne peut exister comme nature que pour un être qui n'en fait plus partie, et qui peut y porter un regard extérieur, à une telle distance de sécurité qu'il est facile de céder à l'illusion qu'il n'est pas affecté par sa présence. Nous avons tendance à penser la nature comme si elle était extérieure non seulement à l'humanité mais également à l'histoire, comme si le monde naturel n'était que décor immuable où se déroulent les activités humaines. Pourtant les environnements, dans la mesure où ils ne cessent de se renouveler au cours de nos vies- puisque nous les façonnons tout comme ils nous façonnent- sont eux même fondamentalement historique."

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(Chapitre 1 : Culture, nature, environnement. Vers une écologie de la vie. Marcher avec les dragons, 2013)

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*note de Tim Ingold : "Tandis que le biologiste prétend étudier la nature "telle qu'elle est vraiment", l'anthropologue étudie les différentes manières dont les éléments naturels sont représentés dans l'imaginaire et dans les systèmes conceptuels des sujets culturels. Il y a d’innombrables façons de caractériser cette divergence de vue, la plus fameuse étant, du moins dans la littérature anthropologique, celle qui oppose deux formes d'explications, qu'on nomme "étique" et "émique" - une distinction s'inspirant de la linguistique, qui oppose la phonétique à la phonémique. L'étique prétend proposer une description du monde physique entièrement neutre, dépourvue de tout jugement de valeur, alors que l'émique entend déchiffrer les significations culturelles spécifiques que les hommes lui attribuent."

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