Dans son ouvrage Histoire Naturelle, Pline l'Ancien explique que "de tous les animaux venimeux, le plus formidable est la salamandre". D'autres auteurs de l'Antiquité, comme Aristote, pensaient que la salamandre possédait un incroyable pouvoir de destruction. Contrairement à d'autres animaux venimeux qui pouvaient tuer un humain à la fois, la salamandre, disait-on, pouvait décimer des villages entiers. Elle avait le pouvoir d'empoisonner tous les fruits d'un arbre avec son venin, ou de contaminer des sources.

 

Pline l'Ancien explique : contrairement aux autres animaux venimeux qui périssaient du remords de leur crime après avoir tué un homme, la salamandre n'avait aucun état d'âme. Ceci s'expliquait par le fait que c'était un animal "froid", comprendre ici sans cœur . Les auteurs antiques parlent de "propriété frigorifique" (elle est ectotherme, elle ne peut pas produire sa chaleur) et expliquent que celle-ci lui donnait aussi la capacité d'éteindre les flammes. Aussi, pendant plusieurs siècles, les Hommes jetaient des salamandres dans des incendies dans l'espoir de les éteindre. C'était donc un animal perçu comme étant capable à la fois de destruction et de réparation.

 

Selon nous, il y a dans la symbolique passée de la salamandre une image de l'Homme d’aujourd’hui : l'Humain, destructeur du monde vivant à grande échelle, est un individu froid et sans égard pour les autres vivants. Mais en même temps, il est capable d'incroyables capacités de réparation. L'ethno-écologue Serge Bahuchet, loin des clichés du "bon sauvage innocent" ou du cruel prédateur et de la nature vierge,  démontre que l'Homme au fil des siècles et des civilisations a toujours trouvé des solutions merveilleusement inventives et pleines de sagesse écologique. L'Homme est aussi un créateur de biodiversité, "un jardinier de la nature" (titre de son ouvrage).

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Ainsi l'Homme est capable d'éteindre le feu qu'il a allumé.

Il nous faut trouver le juste milieu par la réflexion, l'observation, l'empathie, l'apprentissage du passé. La cohabitation avec le monde du vivant a toujours été le défi de l'humanité, vivre sans trop prélever tout en rendant à la terre pour que l'équilibre se maintienne pour les générations futures. Aujourd'hui ce défi est plus que jamais d'actualité.

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La salamandre, bien loin de la symbolique qu'on lui attribuait autrefois (elle n'est pas du tout un "démon"), est un animal en voie de disparition. L'artificialisation des sols, l'éco-fragmentation, les intrants chimiques et l'assèchement des zones humides sont responsables de sa disparition. C'est un animal "porte-parole" qui nous fait prendre conscience que tout est inter-connecté.

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Voilà le projet des Ateliers des Troglodytes : réfléchir à notre place d'humains (d’hier et d'aujourd'hui) et à nos relations concrètes et symboliques que nous entretenons avec les autres vivants jour après jour.