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Fernando Pessoa (Écrivain portugais, 1888-1935)

Par un jour excessivement clair,
Jour où perçait l’envie d’avoir beaucoup travaillé
Afin de ne pas travailler du tout en ce jour,
J’ai entrevu, comme une route entre les arbres,
Ce qui est peut-être le Grand Secret,
Le fameux grand Mystère dont les faux poètes parlent.

 

J’ai vu qu’il n’y a pas de Nature,
Que Nature n’existe pas,
Qu’il y a collines, vallées, plaines,
Qu’il y a arbres, fleurs, herbages,
Qu’il y a rivières et pierres,
Mais qu’il n’y a pas un tout à quoi tout ça appartiendrait,
Qu’un ensemble réel et véritable
Est une maladie de nos idées.

 

La Nature est parties sans un tout.
Voilà peut-être le mystère en question dont ils parlent.

Voilà ce que sans penser, en passant,
J’ai mis ma main au feu que ça devait être la vérité
Que tous se mettent en peine de trouver et qu’ils ne trouvent pas,
Et que moi seul, pour ne pas être allé la chercher, ai trouvée.

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